Humour
L'humour est une notion très
difficile à définir ; de plus, elle varie énormément d'une
culture à l'autre, à tel point que l'on a pu parler spécifiquement
d'humour anglais ou d'humour juif, par exemple. On pourrait le définir
rapidement comme une forme d'esprit permettant de dégager certains
aspects cocasses ou insolites de la réalité.
L'humour peut se révéler
important dans la vie de l'Homme : il lui permet en effet de
prendre du recul sur ce qu'il vit ; en ce sens, la définition
qu'en donne Joseph Klatzmann dans son ouvrage L'humour juif (aux PUF,
collection « Que sais-je ? » n° 3370), c'est-à-dire
« rire pour ne pas pleurer », trouve toute sa pertinence.
Plus pessimiste, on peut également citer Nietzsche : « L'homme
souffre si profondément qu'il a dû inventer le rire ».
Analyse
L'humour, en première analyse,
est censé faire naître, sinon le rire souvent vulgaire, au moins le
sourire de connivence. Dans la pratique, la réaction de chacun ira du
sourire plaisant à la franche hilarité.
On a nommé humour noir une
forme d'humour qui s'appuie sur des éléments tristes ou désagréables
et les tourne en dérision (les humours juif et britannique, à cet égard,
sont souvent noirs : un ouvrage de Thomas de Quincey se nomme De
l'assassinat considéré comme un des beaux-arts) et rire jaune un rire
forcé et amer. De fait, l'humour n'est pas nécessairement lié à la
joie. « L'humour est la politesse du désespoir » (citation attribuée selon les auteurs à Achille Chavée, Oscar Wilde, Georges Duhamel, Boris Vian, et parfois même, bien qu'elle ne soit pas du tout de son style, Pierre Dac))
De nos jours, ces
classifications s'estompent : l'humour de Pierre Desproges, par
exemple, n'est pas sans analogie avec celui d'un Woody Allen. Les
vieilles frontières disparaissent et un certain humour devient
international, exclusion faite des jeux de mots et du jeu sur les mots
(voir Raymond Devos).
Pour Paul Reboux (A la manière
de...), l'humour consiste tout simplement à traiter à la légère les
choses graves, et gravement les chose légères. Exemple typique (Woody
Allen, donc postérieur) : Existe-t-il une réalité objective, ou
bien tout n'est-il qu'illusion, auquel cas j'aurais payé mon
appartement beaucoup trop cher ?.
Raison d'être
Les origines et les fonctions du rire engendré par l'humour sont difficiles à cerner ; l'adage populaire « un bon rire vaut un steak » montre qu'il possède en tout cas une fonction cathartique : on se sent bien après avoir ri ; c'est en ce sens que les Anciens le concevaient dans leurs comédies ; il permet, de plus, de dénoncer de manière plus ou moins cachée ce qu'indique la formule consacrée castigat ridendo mores (« Rire corrige les mœurs ») appliqué à la comédie. Pour certains éthologues, le rire, que l'on semble constater chez certaines races de singes, est avant tout le rictus, c'est-à-dire un soulèvement des lèvres afin de montrer les dents ; il pourrait donc être une forme de violence détournée, une inclination à l'agression résumée en une mimique. Vu sous cet angle, l'humour permettrait d'évacuer cette violence, née de la frustration et de la souffrance (surtout dans l'humour noir) ; l'on rejoint là la fonction cathartique. Le lien avec une sensation de malaise peut facilement se vérifier si l'on considère la gêne ressentie par l'auditoire et l'auditeur lorsque celui-ci rate un trait d'esprit et ne parvient pas à faire sourire.
Humour contre comique
Les apparitions les plus fréquentes
de l'humour sont les histoires amusantes, ou encore drôles, désignées
fréquemment sous le vocable de blagues. Il se manifeste cependant de
manières très diverses et n'est pas toujours explicite (c'est le cas
de l'ironie, de la pointe, de la remarque pince-sans-rire). Des gestes même
peuvent être comiques ; enfin, si l'humour est toujours
volontaire, l'on peut être comique sans le vouloir. L'humour,
cependant, est indissociable du comique, c'est-à-dire de « ce qui
est propre à faire rire » ; le comique est, parmi les
tonalités littéraires, ce qui permet l'humour ; on en distingue
principalement six formes :
- comique de gestes ;
- comique de mots, qui inclut
les jeux de mots ;
- comique de mœurs ;
- comique de situation ;
- comique de caractère ;
- comique de répétition.
En sorte, l'humour utilise nécessairement
une forme de comique, mais toute manifestation comique n'est pas forcément
humoristique.
Enfin, si l'humour permet à
l'homme, par le décalage et l'absurde, de prendre conscience de lui-même,
de ses dérèglements ou de ceux de la société, il ne faut pas s'étonner
que les sujets choisis par l'humour dit noir puissent être macabres ou
choquants : la mort, la blessure, le désespoir et l'angoisse font
bel et bien partie de la vie humaine. On ne doit cependant pas oublier,
pour paraphraser Pierre Desproges que si l'on peut rire de tout, on ne
peut le faire avec tout le monde.
L'humour et la santé
Qui dit humour, dit rire. Selon
des études qui ont été menées au centre médical de l'Université du
Maryland à Baltimore par des cardiologues, le fait de rire et d'avoir
un sens de l'humour aiguisé serait une arme redoutable contre les
crises cardiaques. Après avoir questionné plus de 300 personnes dont
la moitié avait souffert d'attaques cardiaques ou subi une intervention
cardiovasculaire et dont l'autre moitié n'avait aucun trouble
cardiaque; les résultats nous démontrent que les cardiaques sont trop
sérieux et trop stressés.
Rire devrait donc faire partie
des mesures employées pour prévenir et traiter les maladies cardiaques
et le stress.
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